Avant de traverser une rivière, il faut s’assurer qu’il n’y ait pas de crocodiles ou de caïmans. La monnaie exige des préalables que nous n’arrivons pas à remplir. Des obstacles nombreux et divers viennent obscurcir le passage vers cette monnaie. D’abord, ne pas confondre développement et croissance économique. Le développement est un ensemble de changements mentaux et sociaux d’une population. Et l’on sait qu’une population analphabète à presque 80% n’est pas compatible avec un développement social. L’éducation et l’enseignement ont été ratés depuis les années 80 au moment où l’explosion démographie a commencé à accroitre sans qu’elle soit suivie par des mesures fortes d’accompagnement qui sont entre autres : la mis en place des infrastructures sociales à savoir des écoles adoptées pour accueillir cette nouvelle génération.
Des infrastructures à caractère économique qui favorisent la création d’entreprises pour résorber le déficit d’emplois face à cette nouvelle vague de jeunes chômeurs. Qui des autres secteurs ? N’en parlons même pas. Les préalables ne sont hélas pas au rendez-vous. L’agriculture l’Agriculture (secteur à priori porteur), la santé dépourvue d’infrastructures de base) ou l’artisanat sont des domaines visiblement laissées en rades. La monnaie unique relève d’un choix politique et l’exigence d’une demande favorable !
Il faut souligner cependant que le choix politique découle d’une certaine autosuffisance. Une balance commerciale excédentaire ou stable, un endettement qui ne dépasse pas le seuil de tolérance et pourtant on continue à s’endetter sous le prétexte que le pétrole et le gaz viennent résorber toutes ces dettes alors que nous allons rester plus de cinquante ans à payer des dettes que la future génération n’aura pas contractées. Une industrie quasi inexistante dont beaucoup d’usines a mis la clef sous le paillasson à cause de l’importation massive par des commerçants véreux des produits que nous fabriquons ici même. Le textile (Sotiba-Icotaf), la CSS de Richard Toll qui a fini par s’orienter vers l’importation du sucre. Tant d’autres usines (SIPS). Les producteurs du riz de la vallée qui peinent à écouler leurs produits. Les producteurs maraichers qui voient leurs produits pourrir restent impuissants face à ce désastre. Ces commerçants ont fini par ruiner totalement toute l’industrie sur l’œil complice et complaisant des autorités qui y voient une véritable manne financière aussi bien sur les taxes fiscales que sur la corruption qu’elles y percevaient copieusement.
On est loin de la voie de l’émergence. Si nous voulons sortir de la pauvreté, il faut rompre avec les politiques hasardeuses, les dépenses de prestige, des détournements ; la corruption, la concussion, les fraudes fiscales, la mégalomanie de nos dirigeants, les fêtards de la petite semaine, les vols, les agressions, bref ! La liste ne sera jamais exhaustive.
Si nous voulons combattre la pauvreté, il faut fabriquer un sénégalais sérieux, vertueux, généreux dans l’effort. Développer l’agriculture, l’élevage, la pêche, le tourisme et l’artisanat, résorber le chômage des jeunes devenus vieux. Tel semble être la voie qui mène vers l’émergence. C’est même prématuré et hasardeux de parler de monnaie unique alors que l’économie est en état de cueillette .