Le président Bassirou Diomaye Faye a procédé, samedi 6 septembre 2025, à un vaste remaniement ministériel qui redessine les équilibres au sein de son gouvernement. Annoncé dans un climat économique tendu, ce changement d’équipe vise, selon l’exécutif, à impulser une nouvelle dynamique et à donner un signal de « rupture et de fermeté ». Mais du côté de la population, l’heure est davantage à l’attente et à la vigilance.

La principale nouveauté concerne la Justice, confiée à Yacine Fall, jusque-là ministre des Affaires étrangères. Elle remplace Ousmane Diagne, critiqué pour sa gestion jugée trop timorée dans les dossiers sensibles. À la diplomatie, le président a choisi Cheikh Niang, diplomate chevronné et ancien représentant du Sénégal aux Nations unies. Autre portefeuille clé, celui de l’Intérieur, désormais dirigé par Mouhamadou Bamba Cissé, avocat proche du Premier ministre Ousmane Sonko. Enfin, Amadou Ba, figure montante de la majorité, prend en charge la Culture, le Tourisme et l’Artisanat.

Ces choix traduisent une volonté de renforcer l’autorité de l’État et de repositionner le Sénégal sur la scène internationale. Le Premier ministre Sonko a insisté sur le fait que « le temps des compromis est terminé » et que le pays doit entrer dans une phase de rigueur politique et économique.

Si ces annonces marquent un tournant, elles ne suffisent pas à calmer le scepticisme grandissant dans la rue. Dans les quartiers populaires de Dakar comme dans les régions, la jeunesse, qui avait massivement soutenu le duo Faye-Sonko lors de leur accession au pouvoir en 2024, exprime sa frustration. « On s’est battus pour eux, on a cru à un vrai changement. Mais aujourd’hui, on est toujours sans emploi et la vie devient plus chère », témoigne Mor, un diplômé en attente d’opportunité professionnelle.

Les critiques se multiplient également sur les réseaux sociaux, où certains accusent le pouvoir de favoritisme et dénoncent un manque de résultats concrets après plus d’un an de gouvernance. Des organisations de la société civile, comme le mouvement Y’en a marre, appellent à dépasser les symboles pour engager des réformes de fond.

Les priorités exprimées par la population sont claires : une justice indépendante et équitable, des mesures efficaces contre la vie chère, la création d’emplois pour une jeunesse en quête d’avenir, et une gestion transparente des finances publiques.

Ce remaniement apparaît donc comme une étape décisive pour l’exécutif. Il permettra de mesurer la capacité du président Faye et de son Premier ministre à transformer les promesses électorales en actions tangibles. Au-delà des annonces, c’est la réalité du quotidien qui jugera leur mandat. Comme le résume un analyste politique dakarois : « Les Sénégalais ne veulent plus de discours. Ils attendent des actes, et vite. »

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