La décentralisation au Sénégal est le résultat d’un long processus historique qui a évolué au fil des contextes politiques, économiques et sociaux. D’un système colonial centralisé à une gouvernance locale plus participative, le Sénégal a progressivement mis en place plusieurs réformes majeures.

Sous la colonisation française, une forme limitée de décentralisation est introduite dans les quatre communes de plein exercice : Saint-Louis, Dakar, Gorée et Rufisque. Celles-ci bénéficient, dès la fin du XIXe siècle, d’un statut particulier leur permettant d’élire des conseils municipaux et des maires.

Cependant, cette autonomie locale reste très restreinte et contrôlée par l’administration coloniale. Le reste du territoire est géré de manière centralisée, par des administrateurs nommés, sans représentation locale effective.

Après l’indépendance en 1960, le Sénégal adopte une structure administrative fortement centralisée. L’État joue un rôle moteur dans le développement, et les collectivités locales sont maintenues dans un rôle secondaire.

La loi n°64-20 du 30 juin 1964 marque une première tentative d’organisation des collectivités locales postindépendance. Elle institue deux types de collectivités :  Les communes, pour les zones urbaines et Les communautés rurales, pour les zones rurales. Toutefois, ces structures restent sous tutelle étroite de l’État via les gouverneurs et préfets, et n’ont qu’une autonomie très limitée.

La réforme de 1972 constitue un tournant dans la décentralisation sénégalaise. Elle donne une existence légale et institutionnelle aux communautés rurales, dotées de conseils élus au suffrage indirect.

Objectif principal : rapprocher l’administration des populations rurales et favoriser leur participation au développement local. Cette réforme amorce un début de responsabilisation locale, bien que les moyens financiers et techniques alloués soient encore très insuffisants.

Face aux exigences de bonne gouvernance et à la montée des aspirations démocratiques, le Sénégal initie une réforme de grande envergure avec l’Acte I de la décentralisation, concrétisé par les lois n°96-06 et 96-07 du 22 mars 1996.

Cette réforme introduit plusieurs innovations majeures :  Transfert de neuf compétences aux collectivités locales (éducation, santé, culture, jeunesse, etc.), Création des régions comme nouvelles collectivités territoriales et Suppression de la tutelle directe au profit d’un contrôle a posteriori.

Cependant, le manque de ressources financières, humaines et techniques freine l’application effective de cette réforme.

Lancé en 2013, l’Acte III de la décentralisation vise à refonder l’organisation territoriale du Sénégal dans une logique de territorialisation des politiques publiques. Il est institué par la loi n°2013-10 du 28 décembre 2013 portant Code général des collectivités territoriales.

L’Acte III ambitionne une gouvernance locale efficace, participative et capable de conduire le développement à l’échelle territoriale. Cependant, des défis demeurent : insuffisance des ressources transférées, lourdeurs administratives, et faible capacité technique des collectivités.

Le processus de décentralisation au Sénégal s’est construit par étapes successives, allant d’une décentralisation coloniale limitée à une gouvernance locale plus affirmée. Chaque réforme – en 1964, 1972, 1996 et 2013 – a cherché à améliorer l’efficacité de l’action publique locale. La vision 2050 s’appuie sur une gouvernance territoriale inclusive, fondée sur une meilleure articulation entre l’État central et les territoires. En effet Le Président de la République Bassirou Diomaye Faye propose une réforme en profondeur des mécanismes de planification territoriale, avec une orientation vers le développement durable, la justice sociale et l’équité territoriale. Cela implique une redistribution plus équilibrée des ressources publiques et une lutte contre les déséquilibres historiques entre régions. Il envisage également la digitalisation de l’administration locale, la professionnalisation des ressources humaines territoriales, et une implication accrue des citoyens dans les processus décisionnels, à travers des outils participatifs modernes. Mais pour atteindre ses objectifs, la décentralisation doit s’accompagner de moyens adéquats, d’une professionnalisation des acteurs locaux, et d’un engagement fort de l’État pour garantir une autonomie réelle des collectivités territoriales.

 

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Articles associés