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LE RETOUR TP : pourquoi pas ?

February 24, 2024
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LE RETOUR TP : pourquoi pas ?

Il faut en finir avec les dogmes économiques intangibles. Qui se souvient encore de l’existence au Sénégal jusqu’à la fin des années 70, d’un service étatique de travaux publics ? Du jour au lendemain et dans ce contexte marqué par l’endettement exorbitant du pays et la faillite des sociétés d’Etat, l’utilisation des travaux publics, comme instrument de construction nationale était inopérante. En effet cette situation était apparue dans un contexte général de crise de management de l’Etat. Une crise qui a coïncidé avec l’émergence de l’idéologie néolibérale, incarnée aux EtatsUnis par Ronald Reagan, appelée aussi « le consensus de Washington ». Cette nouvelle approche économique de déréglementation et de dérégulation radicale préfigurait déjà la mise en œuvre des plans d’ajustements structurels. Ainsi, le Sénégal a été le premier pays africain à expérimenter la nouvelle vision néolibérale hégémonique sous forme d’un plan de redressement économique et financier découlant du fameux rapport d’Elliot Berg

« MOINS D’ETAT, MIEUX D’ETAT »

C’est le slogan fondateur au Sénégal de cette nouvelle politique qui devrait se traduire pour le désengagement d l’Etat de tous les « secteurs non productifs » (éducation, santé, environnement…) pour s’en arrêter à sa fonction régalienne. Plus tard, constatant le désastre engendré par cette vision, la Banque Mondiale revint sur le concept en évoquant « la dimension sociale de l’ajustement structurel », le triomphe de cette idéologie précipita la disparition du service des travaux publics jugés obsolètes par les nouveaux bailleurs du fonds du Sénégal. Sur les cendres du défunt « TP », émergera un secteur privé florissant dont les intérêts exorbitants sont parfois en contradiction avec les ambitions légitimes de construction natale. Imaginez qu’au Sénégal aujourd’hui, il faut dépenser 3 millions environ pour aménager un seul hectare ; à ce prix, combien de milliers de milliards faudrait-il à notre pays pour aménager suffisamment d’hectares permettant d’atteindre l’autosuffisance alimentaire ? Pour cette raison, le moment n’est-il pas venu pour nous de remettre sur les rails un nouveau service de travaux publics d’intérêts nationaux ? Même s’il est vrai que certains partenaires étrangers du Sénégal préfèrent la solution privée dans l’exécution des projets qu’ils financent, les deux approches sont en réalité complémentaires. Certaines puristes pourraient nous rétorquer que la gestion par l’Etat d’un secteur aussi complexe constitue un risque de management majeur. On répondrait alors qu’il est possible d’avoir une structure de gestion publique avec des outils de management aussi performant que le secteur privé. A titre d’exemple : il existe en France un secteur public (EDF, SNCF) dont le management n’a rien à envier aux autres sociétés de l’hexagone. C’est simplement une question d’hommes, de méthodes et de volonté publique. Qu’attendons-nous enfin pour procéder d’urgence à notre agrément idéologique ? Pourquoi pas le retour d’un secteur TP NEW LOOK pour construire le Sénégal.

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Moussa BA
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