Du 31 août au 5 septembre 2025, Dakar accueillera la 19ᵉ édition du Forum africain sur les systèmes alimentaires, un rendez-vous international qui réunira plus de six mille participants venus d’une centaine de pays. Pendant une semaine, la capitale sénégalaise sera au cœur des débats mondiaux sur l’avenir de l’agriculture, de la sécurité alimentaire et de la nutrition en Afrique. Chefs d’État, ministres, chercheurs, entrepreneurs, organisations paysannes et partenaires au développement viendront partager leurs expériences et chercher ensemble des solutions concrètes pour bâtir des systèmes alimentaires plus durables et plus inclusifs.

Le thème retenu pour cette édition, « La jeunesse africaine : fer de lance de la collaboration, de l’innovation et de la transformation des systèmes alimentaires », met en lumière un enjeu central. Avec la population la plus jeune du monde, l’Afrique se trouve à la croisée des chemins. Cette jeunesse représente à la fois une force immense et un défi majeur : il faudra créer des millions d’emplois dans les prochaines décennies pour répondre à ses aspirations. Le forum veut donc faire de la jeunesse un acteur clé du changement, en soutenant son intégration dans les chaînes de valeur agricoles et agroalimentaires.

Au-delà des discours, la rencontre de Dakar doit être un espace de travail concret. Plusieurs axes stratégiques y seront explorés, comme l’amélioration de la nutrition à travers les repas scolaires et la promotion de cultures enrichies, la création d’emplois pour les jeunes et les femmes grâce à l’entrepreneuriat agricole, ou encore le financement de la transformation des filières. Les organisateurs veulent favoriser des partenariats solides entre entreprises, banques et institutions financières afin de lever les obstacles liés à l’accès au crédit. Les innovations technologiques et numériques occuperont aussi une place importante, qu’il s’agisse d’intelligence artificielle appliquée à l’agriculture ou de solutions comme l’irrigation solaire. Enfin, face au défi du changement climatique, la résilience sera un mot d’ordre, avec des stratégies visant à réduire les pertes post-récolte et à mieux gérer les sécheresses et les inondations.

Le forum mettra également en avant la coopération régionale et internationale. L’Union africaine, le FIDA, la FAO, l’AGRA et de nombreuses organisations partenaires participeront aux discussions, dans le but d’harmoniser les stratégies et de renforcer la souveraineté alimentaire du continent. L’Afrique importe encore une grande partie de ce qu’elle consomme, ce qui fragilise ses économies face aux fluctuations des marchés mondiaux. L’un des objectifs majeurs est donc de réduire cette dépendance et de valoriser les ressources locales.

Cependant, les défis restent considérables. La dégradation des sols, l’insuffisance d’infrastructures de stockage et de transport, les difficultés d’accès aux semences et aux intrants, la malnutrition persistante ou encore les conflits qui fragilisent certaines zones rurales sont autant de freins à la transformation. À cela s’ajoute la pression grandissante du changement climatique, qui menace les récoltes et la sécurité alimentaire de millions de personnes.

Dans ce contexte, de nombreuses voix plaident pour une approche alternative, celle de l’agroécologie. En misant sur les semences traditionnelles, les savoirs locaux et des méthodes agricoles respectueuses de l’environnement, l’agroécologie apparaît comme une voie prometteuse. Elle permet non seulement de préserver les écosystèmes, mais aussi de renforcer l’autonomie des communautés rurales et de garantir une alimentation saine et durable aux populations.

La « formule africaine » des systèmes alimentaires se dessine ainsi autour de trois piliers : un enracinement dans les réalités locales et une participation active des communautés, une mobilisation de la jeunesse et de l’innovation pour transformer les filières, et enfin une gouvernance collective portée par des partenariats solides. Dakar ne sera donc pas seulement le théâtre d’un forum international : la rencontre de 2025 marquera une étape importante dans la construction d’une vision africaine de l’alimentation. L’enjeu est immense, car il s’agit de permettre au continent, riche de sa jeunesse, de ses terres et de ses savoirs, de nourrir dignement ses populations et de consolider sa souveraineté alimentaire pour les décennies à venir.

 

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