Un des grands volets du P.S.E (Plan Sénégal Emergent) consiste  à renforcer les moyens agricoles et une certaine réorientation vers la promotion d’une agriculture à plus grande valeur ajoutée. Car il ne doit plus seulement être question de considérer le paysan comme un ventre à remplir mais, comme un être à enrichir à tous points de vue. C’est à ce prix seulement, que l’agriculture jouera réellement son rôle de locomotive du développement ; parce qu’une politique agricole réaliste, a une influence sur le développement des petites et moyennes industries, plus indiquées pour nos pays en développement. D’ailleurs, nos partenaires étrangers, très sélectifs dans leurs interventions, l’ont bien compris. Ils couvrent surtout les activités stratégiques des biens de consommations pour lesquels, les marges de profit sont importantes et rapidement réalisables : Il s’agit de petites agro-industries et autres activités liées surtout à la filière horticole.

Il suffit de revisiter  les objectifs régionalisés de la filière horticole définie depuis plus d’une décennie pour s’en convaincre. Parmi les dix points, figure en bonne place, la création de sociétés horticoles, avec une vocation technique et commerciale permettant de donner au maraichage une place centrale dans l’économie nationale. C’est à ce niveau que les vocations agricoles doivent être suscitées, particulièrement au sein de la classe moyenne en vue d’accélérer la marche vers cet objectif. La couverture des importations par les exportations est vite atteinte par une redynamisation de la filière horticole. Le déficit de la balance commerciale apparait comme le résultat d’une négligence au regard de la demande de l’union Européenne en produits horticoles à l’endroit du Sénégal qui chiffre à 200 milliards de Francs Cfa à court terme. Or, il n’est répertorié que 14 produits horticoles à l’exportation dont le haricot vert constitue 85 % du volume. Les 15 % restants sont constitués de :

La tomate cerise vendue dans uniquement trois pays que sont l’Allemagne :(37%) ;la Hollande :(33%) ; la France : (27%).

La laitue verte : Un seul pays Hollande :(100%) avec une forte demande.

Le haricot vert : trois pays France :(45%) ; Hollande :(37%) ; Allemagne :(5%).

Des légumes à cosse vert du pays Espagne : (82%) ; Allemagne : (18%), omettant la forte demande britannique.

 

Le piment vert : un pays Hollande :(100%).

Mangue verte : deux centres : France : (94%) ; Benelux :(6%).

Melon vert : vers la même direction France : (58%) ; Benelux :(42%).

Ecorces d’agrume vers un seul pays Allemagne : (100%).

 

Un marché ouvert et propice

Comme on peut le constater, cette filière est comme en friche. La faiblesse de l’offre, l’étroitesse de la gamme de produits (haricot et tomate : 87%) et l’absence de la diversité des marchés, laisse voir la grande perspective qui s’offre à ce secteur.

Les possibilités d’expansion sont énormes. Le Kenya, par exemple, fournit l’unique marché hollandais en fleurs pour 100 millions de dollars. Et chaque consommateur français consacre en moyenne et en valeur 50 000 F Cfa par an à l’achat de fleurs à couper poussent toute l’année on est quasi absent sur le marché. L’élargissement de l’U.E et la libre circulation des biens au sein de l’UEMOA, constituent une aubaine pour le Sénégal.

En définitive, le P.S.E doit être le lieu de la mise en œuvre d’une stratégie de développement et de diversification des produits par :

Une aide à la professionnalisation des producteurs et exportateurs qui auront la maitrise de leurs productions et seront capables de répondre aux exigences du marché extérieur, surtout en termes de qualité.

Un environnement permettant au producteur, d’atteindre le seuil de la productivité requis dans ce secteur pour une entreprise de taille moyenne : 600 tonnes (référence haricot).

A ce jour, seules deux entreprises dépassent le seuil ; 22 acteurs évoluent dans ce secteur ; 5 entreprises seulement assurent une régularité de leurs activités au cours d’une décennie. Et tout invite aussi à l’action immédiate. Les contraintes sont de loin insignifiantes par rapport au profit. La seule contrainte qui existe est liée à la maîtrise de l’eau. Pourtant, son coût n’empêche pas que le taux de rentabilité dépasse pour chaque produit 170%. Alors qu’est-ce qui empêche d’agir ?

Le Sénégal dispose de suffisamment de terres et d’eau. La demande extérieure en fruits et légumes est loin d’être satisfaite quand bien même toutes les surfaces actuellement cultivées, étaient consacrées à cette filière. La question du marché ne se pose qu’en termes de normes. Or les exigences de la principale destination qu’est l’U.E sont connues et la réponse est accessible. D’autant qu’elle-même par les PIP, soutient l’effort des entreprises qui veulent démontrer la qualité sanitaire et tropicalisée de leurs produits conformément aux règles européennes.

La léthargie sénégalaise est autant scandaleuse que déraisonnée. Les chiffres en rendent bien compte. Un hectare (1 ha) de mangue par exemple, offre un rendement de 45 tonnes sans irrigation et jusqu’à 75 tonnes, avec irrigation. Ce qui correspond à un chiffre d’affaires à l’exportation de 54 à 90 millions de Francs CFA par hectare. Pourtant, la production annuelle de ce fruit dans une occupation irrationnelle du sol est encore estimée à 75 000 tonnes dont 85% pourrissent. La tomate sèche offre un rendement à l’hectare de 70 tonnes vendus à l’exportation à prés de 70 millions de francs CFA la tonne. Le melon, melon timidement produit, offre un rendement moyen à l’hectare de 15 tonnes et une valeur à l’exportation supérieure à 9 millions de francs CFA.

Le marché du piment correspond à un volume de 11 mille tonnes pour une valeur de 25 milliards de Francs CFA ; son rendement moyen à l’hectare est de 15 tonnes au Sénégal.

 

 

 

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Moussa BA
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