Au Sénégal, les chiites sont concentrés sur le développement social, l’éducation et la charité. L’islam chiite est la religion principale de la communauté libanaise établie dans le pays vers 20 siècle. Il est également pratiqué aujourd’hui par un nombre croissant de Sénégalais. En tout cas depuis les années 1970, et surtout avec l’arrivée de la communauté Mozdahir et de son guide. On a observé aussi au début des années 2000, le nombre de chiites a régulièrement augmenté dans les zones urbaines et rurale.
D’ailleurs on constate d’une manière générale, les Sunnites constituent 90% des musulmans, les Chi’ites 10% (majorité en Iran, en Irak, en Pakistan et chez les musulmans du Liban). En Iran précisément, il existe deux courants qui s’affrontent depuis belle lurette à propos de l’islam et de la démocratie : le premier s’identifie à la pensée de Cheikh Fazlollah Nourri (1843-1909) pour qui le constitutionnalisme importé de l’Occident est incompatible avec l’Islam. Ici, le lien entre la philosophie politique et la religion est indissociable.
Quant au deuxième courant, il établit un distinguo entre au moins une partie du pouvoir de la sphère politique et la religion c’est l’école de Mizra Mouhammed Hossein Naïni. Ce domaine de réserve en politique peut ainsi être attribué au souverain et les Oulémans ne sont chargés que de veiller sur la production et la conformité des textes législatifs avec les lois Islamiques. Qu’en est-il chez les Sunnites de la fonction du pouvoir en tant que tel ?
L’une des caractéristiques du droit musulman en général est qu’il est fondé sur le droit divin. L’homme ne saurait être qu’un gérant (mot qui traduit au premier degré la signification du terme Khalifat chez les Sunnites et l’Imamat chez les Chi’ites).
A ce niveau, le constitutionnaliste chi’ite Hassan Habibi nous dit « qu’il faut citer un principe important qui est à la base du droit Islamique, Sunnite et Chi’ite. C’est le principe de séparation définitive et sans équivoque du pouvoir législatif d’avec les deux autres (exécutif et législatif). Le pouvoir législatif appartient à Dieu. Même le prophète en tant que détenteur de la prophétie législative (novowat-al-tashriry) n’est envisagé que comme Messager de Dieu et non comme rédacteur de la loi (dans « message de l’Islam » de septembre – octobre 1984) ».
Cela veut dire en d’autres termes que les lois révélées sont inéchangeables et toute tentative visant à les modifier ou à les déformer est considérée comme une innovation (BIDA) absolument négative et lourde de conséquences. Reste à savoir comment désigner le Khalife.
- Pour les Sunnites, le khalife devrait être élu parmi les membres masculins de la famille élargie du prophète, le Qoreïchites.
- Pour les Chi’ites, le khalife devrait revenir au plus proche parent masculin du Prophète, c’est-à-dire à Ali, et la succession devrait être héréditaire au sein de cette lignée.
- Pour les Sunnites, la tâche essentielle du khalife est de maintenir le cadre Islamique de l’Etat. Il n’a pas de magistère religieux.
- Chez les Chi’ites, le khalife appelé Imam, a un magistère religieux. Son interprétation du Coran fait autorité. Il est infaillible et impeccable. Il a connaissance de la dimension ésotérique de l’Islam, que Mouhammed a transmise secrètement à Ali. Les Imams se sont succédé au nombre de 12 pour la branche principale, les duodécimains (religion officielle de la République Islamique d’Iran) et de 7 pour les Ismaéliens. Le premier Imam de la lignée n’est pas mort, mais il a été mystérieusement « occulté ». C’est l’Imam caché qui réapparaitra à la fin du temps, pour mettre fin à l’injustice et à la tyrannie.
A l’heure actuelle, Sunnites et Chi’ites sont d’accord pour la nomination directe du guide (khalife ou imam) des croyants de la communauté sur la base des critères définis par le Saint Coran et la Sunna en attendant, pour les Chi’ites, le retour de l’imam « occulté ». Sunnites et Chi’ites partagent la même liturgie de la prière et participe au pèlerinage de la Mecque selon les mêmes rites. Ils se réfèrent au même livre, le Coran.