Le secteur informel occupe une place prépondérante dans l’économie sénégalaise. Il constitue une source importante d’emploi et de revenus pour une grande partie de la population. Cependant, il représente également un frein au développement économique en raison de l’absence de régulation, de protection sociale et des difficultés d’accès au financement. Comment alors formaliser et dynamiser ce secteur afin d’en maximiser les bénéfices ?

L’un des principaux défis des acteurs du secteur informel est le manque de financements adaptés. Pour y remédier, l’État et les institutions financières doivent mettre en place des mécanismes de crédit accessibles, avec des taux d’intérêt réduits et des garanties assouplies. Le développement de la microfinance et des plateformes de financement participatif peut également permettre aux entrepreneurs informels d’investir et de structurer leurs activités.

En 2020, le secteur informel a contribué à hauteur de 44,6 % à la valeur ajoutée globale du pays. Cette contribution a légèrement diminué par rapport aux années précédentes : en 2019, il représentait 42,4 % du produit intérieur brut (PIB), tandis qu’en 2011, il était estimé à 41,6 % du PIB. Par ailleurs, il emploie environ 90 % de la main-d’œuvre totale du pays, soulignant ainsi son importance en tant que principal pourvoyeur d’emplois au Sénégal.

Le processus de formalisation des entreprises est souvent complexe et coûteux, ce qui dissuade de nombreux entrepreneurs de s’y engager. Une simplification des démarches administratives, couplée à une fiscalité allégée pour les petites entreprises, encouragerait davantage d’acteurs à rejoindre l’économie formelle.

Il est nécessaire d’alléger les démarches d’enregistrement des entreprises informelles en réduisant les coûts et les formalités administratives. Offrir des incitations fiscales et des avantages, tels que des microcrédits et un accès préférentiel aux marchés publics, aux acteurs qui se formalisent serait une solution efficace. De plus, développer un statut intermédiaire entre informel et formel faciliterait la transition progressive vers l’économie formel

Un programme de formation adapté aux réalités du secteur informel permettrait aux travailleurs d’améliorer leurs compétences en gestion, en marketing et en numérisation. L’État et les ONG peuvent jouer un rôle central en mettant en place des centres de formation et des incubateurs destinés aux entrepreneurs informels.

Les jeunes sont des acteurs majeurs du secteur informel, tant comme travailleurs que comme entrepreneurs. Cependant, ils restent confrontés à de nombreux défis, notamment la précarité et l’absence de régulation. Selon les données disponibles, plus de 90 % des emplois occupés par des jeunes au Sénégal se trouvent dans le secteur informel. Cette situation s’explique en partie par l’incapacité de l’économie formelle à absorber la totalité des nouveaux arrivants sur le marché du travail. Chaque année, environ 200 000 à 300 000 jeunes arrivent sur le marché de l’emploi, tandis que l’économie formelle peine à créer 30 000 emplois pour ces jeunes. De plus, 97 % des petites et moyennes entreprises évoluent dans le secteur informel, ce qui renforce la prédominance de ce secteur dans l’emploi des jeunes.

L’utilisation des technologies numériques peut favoriser l’inclusion financière et administrative des acteurs informels. Par exemple, les paiements mobiles et les plateformes de commerce en ligne permettent d’élargir la clientèle des micro-entrepreneurs tout en facilitant la traçabilité de leurs transactions, ce qui peut les aider à accéder plus facilement au crédit et aux services bancaires.

L’absence de couverture sociale constitue un enjeu majeur pour les travailleurs du secteur informel. Mettre en place un système de protection sociale flexible et adapté à leurs revenus, comme des assurances santé à coût réduit et des cotisations sociales modulables, peut les inciter à formaliser leurs activités.

La formalisation du secteur informel au Sénégal ne doit pas se faire de manière coercitive, mais plutôt en offrant des avantages concrets aux acteurs concernés. Une approche intégrée combinant financement, formation, digitalisation et protection sociale peut permettre d’intégrer progressivement ces travailleurs dans l’économie formelle, bénéficiant ainsi à la fois aux individus et à l’économie nationale.

Ces solutions nécessitent une collaboration entre l’État, le secteur privé, les organisations de la société civile et les institutions financières. Une approche progressive et adaptée à la réalité du terrain est essentielle pour assurer la réussite de ces réformes.

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