Dans un contexte économique marqué par des déséquilibres budgétaires profonds et une dette publique préoccupante, les cadres du parti PASTEF ont tenu une conférence de presse décisive pour présenter leur Plan de Redressement National, dénommé « Jubbanti Koom ». À travers cette initiative, le gouvernement dirigé par Ousmane Sonko affiche sa volonté de rompre avec les anciennes pratiques de gestion et de poser les bases d’un nouvel ordre économique, fondé sur la rigueur, la transparence et la souveraineté.
L’urgence est manifeste. Le déficit budgétaire du Sénégal dépasse aujourd’hui les 12 % du PIB, tandis que la dette publique frôle les 100 %. À cela s’ajoutent des engagements financiers cachés, estimés à plusieurs milliers de milliards de francs CFA, que le nouveau gouvernement dit avoir découverts après audit. Ces éléments illustrent l’ampleur des dérives passées et la gravité de la situation économique actuelle. Face à ce constat, le plan « Jubbanti Koom » se présente comme une réponse structurelle, ambitieuse et méthodiquement pensée.
Les cadres de PASTEF ont détaillé les fondements de ce plan en insistant sur quatre grands axes. D’abord, la nécessité de rétablir l’ordre budgétaire, à travers une réduction drastique du train de vie de l’État, la suppression d’agences jugées inutiles et la rationalisation des dépenses publiques. Il s’agit, selon eux, de mettre fin au gaspillage de ressources et de recentrer l’action publique sur l’essentiel.
Ensuite, le plan met l’accent sur la mobilisation des ressources internes. Le gouvernement souhaite renforcer la fiscalité nationale en élargissant l’assiette fiscale, en luttant contre l’évasion et la fraude, et en révisant certains avantages fiscaux accordés aux multinationales. Cette démarche vise à rendre l’économie sénégalaise plus autonome et moins dépendante de l’aide extérieure ou de l’endettement international.
Un troisième pilier essentiel concerne l’amélioration de l’efficacité administrative. Désormais, chaque ministère disposera d’un agenda clair, avec des objectifs chiffrés, des échéances et un suivi régulier. Des responsables de projet seront désignés, et les résultats devront être rendus publics. Cette exigence de redevabilité est au cœur de la nouvelle gouvernance que PASTEF entend instaurer.
Enfin, le plan prévoit une relance économique par le soutien aux secteurs productifs nationaux, notamment l’agriculture, l’industrie, les mines et les énergies renouvelables. L’objectif est de créer de la valeur localement, de favoriser l’emploi et de relancer la croissance sur des bases durables. Il s’agit de réorienter l’économie vers des priorités nationales et de rompre avec le modèle extraverti qui a longtemps dominé.
Tout au long de la conférence de presse, les cadres ont insisté sur la transparence comme principe directeur. Le plan prévoit un dispositif de suivi ouvert au public, avec une plateforme numérique permettant aux citoyens de consulter l’état d’avancement de chaque projet. Cette approche participative, qui invite la société civile, les syndicats, les universitaires et les jeunes à s’impliquer dans le suivi, est une innovation majeure dans la gouvernance sénégalaise.
Mais cette volonté de réforme ne va pas sans critiques. Certains observateurs redoutent les effets sociaux d’une politique trop rigide. D’autres s’interrogent sur la multiplication des plans nationaux – entre l’Agenda Sénégal 2050, le plan Jubbanti Koom et d’autres projets stratégiques, il existe un risque de dispersion ou de confusion. Toutefois, le gouvernement affirme assumer pleinement ce pari politique, en promettant des résultats tangibles dès les prochains mois.
En définitive, la conférence des cadres de PASTEF marque un tournant. Elle révèle un projet cohérent, structuré, et résolument tourné vers la souveraineté économique et la transformation de l’État. Reste à voir si cette ambition pourra se concrétiser dans les faits, face aux inerties administratives, aux résistances politiques, et aux défis économiques majeurs. Mais une chose est sûre : le Sénégal est entré dans une nouvelle ère de gouvernance, et l’histoire jugera la capacité de ce plan à tenir ses promesses.