Ousmane Sonko occupe aujourd’hui une place unique dans la vie politique sénégalaise, une place que ni les cadres de son parti ni les élus qui l’entourent n’auraient pu occuper sans lui. Lorsque l’on parle de reconnaissance, certains tentent d’élargir le mérite à tout l’appareil du PASTEF. Mais la vérité historique, brutale et souvent passée sous silence, est que Sonko est la source, l’architecte et le moteur de tout ce qui existe aujourd’hui autour de ce projet politique. La reconnaissance ne doit pas descendre vers lui ; elle doit remonter vers le leader qui a tenu tête à un système entier quand personne ne croyait encore à la possibilité d’un renversement.

Bien avant que le PASTEF ne soit un parti structuré, avant les victoires électorales, avant les foules massives et les engagements publics, il y avait un homme seul. Un jeune inspecteur des impôts qui, au moment où le silence était la norme et la prudence la règle, a choisi de dénoncer la corruption, de parler de souveraineté économique et de poser un regard critique sur la gouvernance. Ce choix lui a coûté très cher : sa carrière d’abord, sa tranquillité ensuite, et à plusieurs reprises, sa liberté. Aucun élu du parti n’a subi un tel niveau de pression, de harcèlement politique, de campagnes de diabolisation ou de risques personnels. La majorité des cadres du PASTEF ont rejoint la lutte alors que Sonko avait déjà cristallisé l’espoir, ouvert la voie et imposé un rapport de force qui n’existait pas auparavant. Le succès du PASTEF n’est pas seulement organisationnel ; il est incarné. Et cette incarnation, c’est Sonko.
Il a donné au parti une idéologie lisible, une vision économique articulée, un langage politique précis et une identité forte à une jeunesse en quête de repères. Il a introduit une pédagogie politique nouvelle, basée sur la vulgarisation intelligente, l’explication accessible et l’audace dans le discours. Les jeunes cadres du parti, les technocrates, les élus municipaux ou parlementaires ont pu s’appuyer sur cette image forte pour exister dans l’espace public. Beaucoup d’entre eux n’auraient jamais émergé sans l’aura du leader, sans la crédibilité qu’il a patiemment construite au prix de nombreux sacrifices.

Certains pensent que Sonko devrait reconnaître ces cadres et ces élus pour leur loyauté et leur engagement. Leur rôle est réel, leur présence a compté, et ils ont contribué à structurer le parti là où le leader ne pouvait être simultanément. Mais il faut être lucide : sans Sonko, il n’y aurait pas eu de PASTEF à défendre, pas de projet à représenter, pas de cause nationale autour de laquelle se mobiliser. Les élus ont tenu des territoires ; Sonko a tenu la direction, le cap, la vision et le combat principal. Il a affronté l’État quand beaucoup d’autres affrontaient des obstacles locaux. Il a porté la charge symbolique, juridique, politique et médiatique de tout le mouvement.

La reconnaissance que Sonko mérite dépasse même les limites du parti. Elle est d’ordre national. Il a renouvelé la manière de penser la gouvernance, de comprendre les enjeux de souveraineté, de voir la participation citoyenne. Il a révélé une énergie politique nouvelle dans le pays, réveillé une jeunesse qui se croyait condamnée à l’abandon ou au cynisme. Sa capacité à transformer la colère en projet, la frustration en engagement, et le désespoir en mobilisations massives, lui confère une dimension que peu de figures politiques ont atteinte dans l’histoire récente du Sénégal.

Aujourd’hui, alors que le mouvement est au pouvoir, certains essaient de réécrire l’équilibre des mérites. On parle de cadres, d’appareil, de réseaux, de compétences internes. C’est légitime. Mais il ne faut pas perdre de vue que les carrières politiques de nombreux responsables actuels n’auraient jamais pris leur envol sans la figure centrale de Sonko. Beaucoup d’élus ont été portés par son image, par son combat, par son charisme et par la confiance populaire qu’il a su bâtir. Lui n’a été porté par personne : il a avancé d’abord seul, puis avec la foule derrière lui.

La dette politique, si dette il y a, n’est donc pas celle que l’on pense.
Ce ne sont pas les cadres qui attendent la reconnaissance du leader ; ce sont les cadres, les élus, les militants et même une part du pays qui doivent à Sonko leur existence politique, leur légitimité, leur visibilité ou leur redéfinition de l’engagement. Son leadership a été le point de départ, l’étincelle et la colonne vertébrale d’un mouvement qui, sans lui, n’aurait jamais dépassé la marginalité des débuts.

Reconnaître cela, ce n’est pas effacer le travail des autres. C’est simplement respecter la vérité du parcours : un homme a pris les risques majeurs, a assumé la charge la plus lourde, et a porté sur ses épaules la transformation politique la plus significative de ces dernières années. Et cet homme, c’est Sonko.

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