Face à la croissance démographique, à la pression sur les ressources halieutiques et aux défis alimentaires, la pisciculture africaine s’impose progressivement comme un secteur stratégique. Malgré un immense potentiel, le continent ne tire encore qu’une faible partie des bénéfices qu’il pourrait générer. Entre innovations locales, enjeux économiques et défis structurels, tour d’horizon d’une filière en pleine mutation.

La demande en poisson explose en Afrique, portée par une population qui pourrait atteindre 2,5 milliards d’habitants en 2050. Dans plusieurs pays côtiers, le poisson représente jusqu’à 65 % des apports en protéines animales. Pourtant, la pêche traditionnelle décline, obligeant les États à importer plus de 4,5 millions de tonnes de poisson chaque année pour un coût dépassant 6 milliards de dollars.

Dans ce contexte, la pisciculture progresse mais reste marginale : elle ne représente que 3,2 % de la production mondiale, soit environ 2,4 millions de tonnes. L’Égypte domine largement le secteur avec 1,6 million de tonnes, loin devant le Nigeria ou l’Ouganda. En Afrique de l’Ouest, le retard est flagrant : le Sénégal, par exemple, ne produit que 1 500 à 2 000 tonnes pour une demande supérieure à 500 000 tonnes.

Le tilapia, espèce phare de l’aquaculture africaine, représente plus de 60 % de la production. Mais le développement du secteur reste freiné par le coût élevé des aliments pour poissons, le manque d’alevins de qualité, la faiblesse des financements et un déficit de formation.

Certaines initiatives montrent toutefois la voie : cages flottantes sur les lacs Volta et Victoria, systèmes d’aquaculture intensive, programmes de formation pour les jeunes. Selon les projections, si les investissements se renforcent, l’Afrique pourrait multiplier par cinq sa production d’ici 2050 et réduire de 70 % sa dépendance aux importations.

La pisciculture pourrait ainsi devenir un pilier de la sécurité alimentaire du continent. Reste à transformer ce potentiel en priorité politique et économique.

L’Afrique dispose de ressources hydriques abondantes, d’un climat favorable et d’une jeunesse prête à s’investir. La pisciculture pourrait devenir un pilier stratégique de son développement économique et alimentaire.

Encore faut-il transformer ce potentiel en dynamique durable. La révolution bleue africaine n’attend plus que les investissements et la volonté politique nécessaires pour prendre son véritable envol.

 

 

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