Depuis l’accession au pouvoir du président Bassirou Diomaye Faye en mars 2024, le Sénégal connaît un tournant historique. Le projet de transformation porté par PASTEF ne fait plus seulement face aux promesses : il entre dans l’arène du réel. Mais une fois aux responsabilités, qui protège ce projet ? Entre institutions, peuple, société civile et influences extérieures, la sauvegarde d’un tel engagement est un enjeu collectif.

L’élection de Bassirou Diomaye Faye a marqué une rupture dans l’histoire politique du Sénégal. Issu d’un mouvement populaire, ancré dans les réalités sociales et porté par une jeunesse en quête de justice, PASTEF a mis en avant une vision claire : souveraineté économique, gouvernance éthique, justice sociale et panafricanisme.

Mais une fois au pouvoir, un projet de cette nature se heurte inévitablement aux forces de la continuité, à la résistance du système administratif, aux contraintes internationales. Le plus grand défi n’est donc pas d’avoir gagné une élection, mais de préserver la cohérence d’un projet de rupture dans un environnement institutionnel parfois hostile.

Le premier acteur chargé de défendre le projet, c’est l’exécutif lui-même. Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko ont entre leurs mains la lourde responsabilité de traduire les idéaux politiques en politiques publiques concrètes. Cela exige de la fermeté, une vision stratégique claire, mais aussi une capacité à gérer l’appareil d’État sans se perdre dans les compromis stériles.

Ils doivent aussi résister aux tentations du pouvoir personnel, aux intérêts installés, et aux pressions internationales souvent hostiles aux dynamiques souverainistes africaines. Le maintien de la cohérence du projet dépendra de leur volonté politique constante et de leur capacité à gouverner sans se dénaturer.

Le second niveau de protection passe par les institutions. L’administration sénégalaise, bien que structurée, est marquée par des décennies de pratiques héritées. La bureaucratie, les clientélismes, les pesanteurs juridiques peuvent tous devenir des freins à l’application fidèle du projet.

Il faudra donc entreprendre des réformes institutionnelles profondes, pour que l’État serve réellement l’intérêt général et non des intérêts privés. Cela concerne la justice, les ministères, les agences publiques, les organes de régulation, souvent déconnectés de la volonté populaire.

Un projet politique n’est pas un acte figé. Il vit dans la conscience collective. Le peuple sénégalais, et particulièrement la jeunesse, a joué un rôle déterminant dans la victoire de PASTEF. Cette mobilisation ne doit pas retomber. La participation citoyenne, l’organisation locale, les débats publics, les réseaux sociaux et les associations sont autant de leviers pour accompagner et protéger le projet.

Il ne s’agit pas d’un soutien aveugle, mais d’une vigilance constructive. Car l’histoire politique africaine est pleine de projets populaires trahis par leurs propres initiateurs, faute d’un peuple organisé et éveillé.

Au-delà des institutions, la société civile, les journalistes, les chercheurs et les artistes ont un rôle fondamental à jouer. Leur tâche : analyser, questionner, alerter et proposer. Ils forment la mémoire vivante du projet, capable de rappeler ses fondements et de dénoncer ses dérives.

Une démocratie ne peut fonctionner sans contre-pouvoirs actifs et sans un espace critique autonome. La protection du projet de PASTEF passe aussi par cette capacité à résister à la personnalisation du pouvoir et à promouvoir la transparence.

Enfin, il serait illusoire d’ignorer les contraintes internationales. Le Sénégal évolue dans un monde globalisé, dominé par des institutions financières, des États puissants, des accords commerciaux inégaux. Le projet souverainiste de PASTEF entre donc en collision avec des logiques économiques qui ne lui sont pas toujours favorables.

Il faudra faire preuve de lucidité diplomatique pour défendre les intérêts du Sénégal tout en évitant l’isolement. L’Afrique a besoin de partenaires, mais des partenaires qui respectent les choix souverains des peuples.

Protéger le projet politique de PASTEF n’est pas une mission réservée à l’élite. C’est une responsabilité collective. Le président, les ministres, les députés, les fonctionnaires, les citoyens, les journalistes, les intellectuels et les partenaires du Sénégal ont tous un rôle à jouer. La promesse d’un changement réel ne pourra tenir que si la société tout entière s’en saisit, la nourrit et la défend.

Un projet ne vit pas uniquement dans les discours. Il vit dans les actes, les institutions, les consciences, et dans la capacité de chacun à ne pas oublier pourquoi le peuple a choisi un autre chemin.

 

 

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